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Frédéric Boisseau

hall de l'immeuble de Charlie Hebdo



C’était la première fois qu’il travaillait dans cet immeuble, où il inspectait ce jour-là les conduits de chauffage. Frédéric Boisseau, 42 ans, était chef d’une équipe de techniciens de maintenance pour Sodexo. Il vivait dans un village de Seine-et-Marne, avec son épouse et ses deux fils, âgés de 11 et 13 ans. Il a été fait, à titre posthume, chevalier de la Légion d’honneur.

Wolinski

locaux de Charlie Hebdo



Monstre sacré et pilier de la bande d’Hara-Kiri, journal qui a précédé Charlie-Hebdo, Georges Wolinski, 80 ans, était l’un des dessinateurs français les plus prolifiques, avec un sens de la formule. Deux sujets lui étaient chers: la politique, et les femmes, dont il a croqué les formes sous toutes leurs coutures. Une seule pourtant habitait son coeur depuis plus de quarante ans: son épouse, Maryse.

Charb

locaux de Charlie Hebdo

 

 

Son trait de crayon corrosif et militant a marqué les esprits: le dessinateur Charb a péri à l’âge de 47 ans. Irrévérencieux et féroce, Stéphane Charbonneau avait publié ses dessins dans de nombreux titres, dont l’Echo des Savanes, Fluide Glacial, Mon Quotidien, Télérama et l’Humanité. Il était directeur de Charlie Hebdo depuis 2009, et vivait sous protection policière depuis 2011, après des unes satiriques sur l’obscurantisme religieux.

Cabu

locaux de Charlie Hebdo



Immuable coupe au bol, candide regard d’adoles-cent cerclé d’acier, et talent sans égal, Jean Cabut, dit Cabu, tué une semaine avant son 77ème anniversaire, faisait partie des icônes du dessin français. Pendant près de soixante ans, il a épinglé les politiques, le fascisme, les angoisses et les travers de notre époque de sa pointe acérée, notamment à travers son personnage culte

du “ Beauf ”.

en mémoire des victimes

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Bernard Maris

locaux de Charlie Hebdo



Agrégé d’économie et chroniqueur anti-libéral dans les colonnes de Charlie Hebdo, Oncle Bernard, mèche grisonnante sur le côté, léger accent chantant, démontait avec pédagogie et passion les rouages du capitalisme moderne. Il officiait également sur les ondes de France Inter, et intervenait régulièrement dans différents médias. Universitaire reconnu, Bernard Maris était aussi un père et un grand-père aimant.

Tignous

locaux de Charlie Hebdo



Tignous (“Petite teigne” en occitan), de son vrai nom Bernard Verlhac, avait rejoint Charlie Hebdo en 1992, où il raillait avec un esprit caustique les jihadistes bêtes et méchants les derniers mois avant sa mort . Décrit comme un “bon vivant” et un “bon copain”, Tignous, 57 ans, a laissé derrière lui une famille et ses quatre enfants.

Honoré

locaux de Charlie Hebdo



Le trait ciselé, de grands aplats d’un noir profond, une écriture belle et appliquée, Honoré, 73 ans, était le moins foutraque des dessinateurs de Charlie Hebdo, où son style littéraire contrastait avec le ton volontairement trash de ses collègues. Honoré était “un enragé très doux et poli”, selon Plantu. Quelques minutes avant l’attentat, un membre de la rédaction avait publié sur Twitter un dessin de lui. On y voit le chef de l’Etat islamique présenter ses voeux.

Elsa Cayat

locaux de Charlie Hebdo

 

 

Elle est la seule femme qui a été tuée dans les locaux de Charlie Hebdo. Elsa Cayat, 54 ans, était une psychiatre et une psychanalyste française très reconnue dans son milieu. Deux fois par mois, elle tenait une chronique impertinente dans le journal satirique, intitulée “Divan”, où elle explorait des questions tabous avec une grande liberté. Elle a laissé derrière elle une jeune fille âgée de 20 ans.

Mustapha Ourrad

locaux de Charlie Hebdo



Discret, chaleureux, grand humaniste, Mustapha Ourrad était correcteur à Charlie Hebdo. Ce Kabyle de 60 ans, qui brillait par son érudition, était un amoureux des mots, et un grand épris de la littérature française. Arrivé en France à l’âge de 20 ans, il avait un temps été écrivain public, avant de rejoindre la joyeuse équipe du journal satirique dans les années 90.

Michel Renaud

locaux de Charlie Hebdo

 

 

Fondateur du festival clermontois Rendez-vous du carnet de voyage, Michel Renaud, 69 ans, qui avait passé une partie de sa vie à sillonner le monde, se trouvait ce jour-là en qualité d’invité dans la salle de rédaction. Il était venu discuter de futures collaborations avec Cabu. Un temps journaliste, il s’était ensuite largement impliqué dans la vie culturelle et la communication pour Clermont-Ferrand.

Franck Brinsolaro

locaux de Charlie Hebdo



Brigadier de 49 ans, Franck Brinsolaro vivait dans l’ombre de Charb, qu’il protégeait une semaine sur deux, à une heure de train de son domicile, en Normandie. Un métier qu’il “adorait”, avait confié sa femme peu après sa disparition. Courageux, discret, Franck Brinsolaro devait prendre sa retraite dans 5 ans. Il était un homme marié, père de deux enfants. La plus jeune avait 1 an quand il a disparu.

Ahmed Merabet

boulevard Richard Lenoir



“ Français, policier et musulman ”, c’est par ces mots qu’un ami d’Ahmed Merabet l’a qualifié, au lendemain de son exécution par les Kouachi. Le policier, âgé de 42 ans, avait grandi en Seine-Saint-Denis et vivait à Livry-Gargan. “ Un mec bien, gentil, un pratiquant tolérant ”, se souvient un proche. Le brigadier a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.

Clarissa Jean-Philippe

Montrouge



La jeune femme, 25 ans, était originaire de Sainte-Marie, en Martinique. En stage dans la police municipale, elle patrouillait sur le marché de Montrouge lorsqu’elle a été appelée pour un accident de circulation, où elle a ensuite trouvé la mort. Elle a été faite chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Une rue à Montrouge et un square à Carrière-sous-Poissy, où elle résidait, vont porter son nom.

Yoav Hattab

supermarché Hyper Cacher



Fils du grand rabbin de Tunis, Yoav, 21 ans, est mort en voulant arrêter Amedy Coulibaly dans son massacre. Arrivé en France depuis moins d’un an pour des études de commerce international, le jeune homme venait ce jour-là acheter une bouteille de vin au supermarché. Sa mère, qui vivait à Tunis avec son père, avait déjà perdu une soeur en 1985 lors d’un attentat dans une synagogue à Djerba.

François-Michel Saada

supermarché Hyper Cacher



Né à Tunis, François-Michel Saada, 64 ans, était un jeune retraité. Il s’apprêtait cette semaine-là à partir à Venise pour fêter les soixante ans de sa femme. Il a été tué alors qu’il faisait la queue à la caisse, dès les premières minutes de l’assaut. “Un mari et un papa exemplaire”, ont témoigné ses proches.

Philippe Braham

supermarché Hyper Cacher



Ce père de famille de 45 ans, juif pratiquant, travaillait dans une société de conseil en informatique. Il venait d’entrer dans le supermarché quand il a été assassiné. Ses proches décrivent un homme “dévoué”, “discret”, “toujours prêt à rendre service”. Philippe Braham a été enterré en Israël, aux côtés du fils que lui et son épouse avaient perdu par le passé.

Yohan Cohen

supermarché Hyper Cacher



Yohan Cohen, 20 ans, travaillait à l’Hyper Cacher depuis près d’un an quand il a été assassiné. Souriant, calme, et gentil, Yohan prévoyait de se marier avec sa petite amie et de reprendre ses études. Il habitait à Sarcelles avec sa mère, d’origine tunisienne, et était très proche de sa grand-mère, avec qui il échangeait quotidiennement.

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long format

journaliste

Alexandra Gonzalez

vidéos bfmtv

montage vidéos

CHARLOTTE RIQUEL

Sarah-Lou Cohen Bacri

Thibault Dupont

infographie

Pierre Vécile, Alec Agratina

direction artistique

Alec Agratina

crédits photo

rédaction en chef

SAnDRINE COCHARD, Ivan Valerio et Julien Mielcarek

AFP PHOTO / GUILLAUME BAPTISTE / BERTRAND GUAY / FRANCOIS GUILLOT / FRANCOIS GUILLOT / BFMTV

9 janvier

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Quelques heures plus tard, Pascal, négociateur de la BRI, joint lui aussi Amedy Coulibaly par téléphone. La conversation dure près de sept minutes, et s’engage notamment sur l’aide que peuvent apporter les secours aux victimes potentielles dans le supermarché.

Il répond qu’il n’y a pas de blessé, mais qu’il y a quatre morts.

Il n’a pas l’air plus ému que ça

A 40 kilomètres de là, la situation s’accélère soudainement devant l’imprimerie de Dammartin, où les gendarmes sont positionnés depuis près de huit heures, sans donner l’assaut. Les Kouachi décident de passer à l’affrontement. Les gendarmes sont prêts à riposter.

Quand ils tombent, ils continuent

à tirer dans notre direction.

Les deux frères sont abattus, le corps criblé de balles.

A Vincennes, où Amedy Coulibaly détient toujours des personnes en otage, les policiers du Raid et les gendarmes du GIGN sont contraints de revoir leur stratégie. Jean, qui fait partie de ces forces d’élite, raconte.

On nous dit que les frères Kouachi sont sortis. Cela précipite notre assaut.

Quelques minutes avant que l’assaut ne soit donné, Pascal, le négociateur, lui passe un dernier coup de téléphone. Il espère qu’Amedy Coulibaly va accepter de se rendre sans violence. Mais pendant leur échange, les forces de l’ordre passent à l’action.

Il me tutoie pour la première fois.

“ Tu me fais exploser, tu me fais exploser ! ”

Prêts à combattre, les agents du RAID et du GIGN sont en état de tension extrême, alignés en colonnes quand le rideau de fer s’ouvre. Ils aperçoivent l’intérieur du supermarché. Les corps des premiers otages tués.

Je vois Coulibaly qui fonce

sur nous, les armes à la main

Le rideau de fer s’est relevé complètement, et ça a pétaradé

dans tous les sens

Une vingtaine d’otages sont alors libérés par les forces de l’ordre.


Pendant ces trois jours de terreur, il y a eu 17 morts, des dizaines de blessés, et des vies bouleversées.

Alain Couanon, toujours à l’intérieur du supermarché avec tous les autres otages, assiste à la scène, terrifié par le bruit des détonations et les échanges de balles.

Images de l’assaut à Dammartin-en-Goële

2:03


Images de l’assaut

à Porte de Vincennes

1:01


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